Pour quelques chamallows

Pour quelques chamallows est un texte que j'ai écrit pour le thème "punition" des éditions La Musardine. On m'a expliqué qu'on ne pouvait pas publier un texte comme celui-là car il mettait en scène des enfants, ce que je comprends très bien. Cela dit, l'enfance (d'autant qu'il s'agit dans cette histoire de "teenagers")  n'est pas nécessairement totalement asexuée... 
Je vous rassure, il ne s'agit absolument pas de pédophilie. Je n'aurais jamais écrit une chose pareille d'ailleurs. 
J'avais d'abord écrit une version plus courte de ce texte, sous le titre Ours en guimauve, destiné à un appel à textes des éditions L'encre parfumée de Lys. Le texte n'a bien sûr pas été retenu, mais comme je sentais que je tenais quelque chose, je l'ai remodelé, allongé, pour en faire ce que vous pouvez lire à présent. Il faudrait que je retrouve cette première version, ce pourrait être intéressant de les comparer...

Je venais de fêter mes onze ans. Elle en avait treize. Sous son tee-shirt, sa poitrine se formait. Elle aurait souhaité porter un soutien-gorge, comme Nadège, sa voisine, qui en possédait quatre, mais n'osait pas encore en parler à ma tante.
Maryline était ma cousine. Je passais trois semaines de vacances chez elle, parce que l'été est long quand on reste chez soi. Mes parents avaient trop à faire et pas assez d'argent pour m'envoyer dans une quelconque colonie. Ils me disaient la même chose chaque année. Peu m'importait, j'aimais somme toute assez les vacances chez Maryline, même si ma tante nous forçait à travailler une heure par jour sur des exercices de calcul et de conjugaison.
Nadège était certes dans la même classe que Maryline, mais elle avait redoublé sa sixième. Quatorze ans, ce n'est pas treize. Ainsi, Nadège affichait sa supériorité. Je lui trouvais un air pimbêche, mais n'en disais rien.
Le soutien-gorge était pour ma cousine l'attribut par excellence de la femme qu'elle souhaitait ardemment devenir. Si elle n'avait pas craint les réprimandes de ma tante, elle aurait demandé à Nadège de lui en prêter un.
Le soutien-gorge et les règles qu'elle n'avait pas encore, alors que toutes sans exception, dans sa classe, saignaient de l'entrejambe, parfois depuis deux ans – ce qui me fit craindre que mon tour ne vînt rapidement ; nos sujets de conversation tournaient en rond. Les siens surtout, car je préférais parler d'autres choses : des pin's que j'alignais sur ma veste, du temps record pour gonfler un ballon, sans oublier des jeux que j'affectionnais, toupies et avions en papier. Par-dessus tout, j'aimais bouger. Les grandes passaient leur temps à discuter dos au mur, alors que mes jambes avaient besoin de mouvement : je faisais du patin à roulettes, des tours en vélo, et même des commissions pour ma tante. J'allais de bon cœur quotidiennement chercher du pain à la boulangerie. Activité d'autant plus plaisante que je pouvais garder la monnaie. Je collectionnais de la sorte des centimes en attendant de pouvoir m'offrir un sachet de chamallows roses et blancs que je lorgnais sur l'étal de la boulangère. J'y serais parvenue avant la fin des vacances...
Maryline me laissait y aller seule, une fois que nous avions tourné au coin de la rue. J'avais la consigne de ne pas cafter auprès de ma tante, qui me trouvait trop jeune pour errer seule dans les rues. C'est au prix de mon silence sur la défection de Maryline que je gardais l'intégralité de la menue monnaie. Je ne savais pas à quoi ma cousine occupait son temps, même si je savais qu'elle tournait autour des garçons, quand ce n'était pas l'inverse, et me doutais qu'elle ne devait guère rester seule le petit quart d'heure où je m'absentais ; je ne me souciais cependant que des pièces dorées que je gardais jalousement dans une boîte en ferraille. Je trouvais Marilyne, en revenant de la boulangerie, exactement à la même place qu'à l'aller, les joues rouges d'être restée au soleil.
Nadège et Maryline n'étaient pas copines à l'école, mais se rejoignaient l'été, à défaut de trouver d'autres camarades de jeux. Je n'aimais pas quand Nadège me traitait de bébé. Maryline ne prenait jamais ma défense, quoi que dît la pimbêche. Petite lâcheté à laquelle j'opposais une bouderie, le soir venu, dans la chambre que nous partagions. Ainsi s'écoulèrent les premiers jours de mon séjour.
J'aurais pu m'éloigner d'elles, mais je ne savais pas m'occuper seule, pendant qu'elles parlaient de tampons et de garçons. Je les embêtais donc un peu, capturais une araignée ou quelque gendarme que je posais sur leurs jambes nues. Mieux : quand je le pouvais, je plaçais la bestiole à l'intérieur de leur tee-shirt. Elles criaient alors et s'agitaient pour chasser la bête, tandis que je me tordais de rire. Mes efforts portaient généralement leurs fruits ; j'attirais leur attention, elles m'insultaient et me coursaient parfois pour m'asséner une claque retentissante.
À défaut de réussir à chasser « cette petite peste », autre surnom dont Nadège m'avait affublé, les filles prirent le parti de se servir de ma présence. Nadège commença ainsi à me donner des ordres. Refaire le lacet de sa paire de tennis mauve. Lui chercher un verre d'eau. Elle me fit fabriquer un éventail avec de longues feuilles liées par un brin de paille, et je dus ventiler son visage. Je m'exécutais, bêtement contente d'être admise dans leur tête-à-tête. Fières de m'avoir rendue docile, les deux filles complexifièrent la règle du jeu.
Lorsque, à sa demande, je me penchai pour fermer un bouton de son chemisier négligemment ouvert sur son nombril, Nadège souleva ma jupe et claqua mes fesses. Je sursautai. Les deux filles pouffèrent comme des sottes. Elles ne me donnaient des claques, d'habitude, que lorsqu'il s'agissait de punir une bêtise. Jamais sans raison.
Je suis Cléopâtre, dit alors Nadège, d'un ton cérémonieux. Sache, esclave, que si tel est mon bon plaisir, je te fesserai. Tu devras te laisser faire et ne pas geindre.
Puisqu'il s'agissait d'un jeu, je voulus bien participer, même si je prenais quelques claques légères. Je fus décontenancée cependant lorsque Nadège et Maryline s'allièrent pour me maintenir tandis qu'elles descendaient ma culotte jusqu'au sol. C'était sur la peau nue que Cléopâtre entendait fesser son esclave. Je pleurai de honte.

***

Le lendemain, je décidai de lire des BDs dans la chambre et de laisser seules Maryline et Nadège. Pas question de participer à leur jeu débile ! Pas question qu'elles me déculottent comme elles l'avaient fait ! Après une vingtaine de minutes, Maryline vint me chercher.
Allez, ne fais pas la tête, viens jouer !
Pas question !
Elle savait néanmoins comment m'appâter. J'étais très gourmande, hélas. Et n'avais pas encore pu acheter le paquet de chamallows convoité. Maryline avait trouvé le moyen de se procurer ces friandises et plaça sous mon nez une guimauve rose pâle.
Allez viens, tu joues à l'esclave avec nous et on te donnera à chaque fois un chamallow !
Comment résister à cet appel ? Je me levai et suivit ma cousine jusqu'au jardin. Nadège nous y attendait.
Eh bien, esclave ! Ton manque de ponctualité mérite un châtiment ! Baisse ta culotte et tiens-toi prête !
La reine Cléopâtre m'asséna donc une fessée pleine d'entrain qui marqua de rouge mes fesses. Puis Maryline me tendit la guimauve promise, que je m'empressai de déguster entre deux hoquets.
Demain, sans faute, viens ici quand on t'appellera. Nous avons d'autres projets pour toi, me dit-elle.
Je les quittai en courant et m'enfermai dans la chambre pour lire la suite de Garfield.
Le soir, sans en avoir le moins du monde convenu entre nous, Maryline et moi n'évoquâmes pas la scène de l'après-midi, ni celles qui suivraient. Je me demandais cependant, avant de m'endormir, ce que le lendemain allait me réserver et combien de friandises je pourrais gagner de la sorte. Je repassai dans ma tête la scène de la déculottée et je me tortillai dans mon lit en frottant mes cuisses l'une contre l'autre.
Le lendemain, Nadège m'apostropha dès mon arrivée.
C'est bien, esclave, tu es à l'heure. Pour te récompenser, tu vas pouvoir embrasser l'intimité de ta maîtresse.
Je n'étais pas très dégourdie, aussi je ne compris pas ce que Nadège attendait de moi. Mon hésitation fut perçue comme un signe de rébellion. Maryline se chargea alors de me déculotter et de me frapper avec une branche fine.
Vicieuse ! Ainsi, tu voulais nous montrer ton gros cul blanc avant de te mettre à l'œuvre ! Allons, approche, esclave ! ordonna Nadège. Ne vois-tu pas ce que j'attends de toi ?
Nadège avait elle aussi ôté sa culotte, puis s'était allongée dans l'herbe. Sa jupe de danseuse, qui gonflait et se soulevait chaque fois qu'elle tournait sur elle-même, était relevée au-dessus de la taille. La jupe ressemblait ainsi à la corolle d'un liseron. Nadège écarta les jambes. Je vis alors ce que je nommais dans mon langage encore enfantin sa zézette. Elle avait des poils. À l'intérieur, c'était rose.
Embrasse mes lèvres du bas ! Tout de suite !
L'ordre était étrange, mais je m'y pliai. C'était moins pénible que de recevoir des coups de badine. J'embrassai donc les lèvres, même si les poils me chatouillaient. Sa bouche salivait.
Sors la langue, empotée !
Je fis ce que Nadège me demandait. Je lapai donc la salive qui coulait et tirai ma langue le mieux que je pus pour lécher le palais de sa bouche rose. Nadège respirait de manière saccadée et très fort.
Plus haut, sur le petit bouton !
Je suivis les instructions à la lettre et suçai le pistil qui pointait sous ma langue, et ce, tant que Nadège resta à peu près immobile, car elle se mit subitement à haleter encore plus fort et me repoussa d'une ruade.
Maryline, qui avait observé la scène en silence, me remit un nouveau chamallow. Je le pris et retournai dare-dare dans la chambre.
L'épisode était si étrange que je me trouvai très agitée. Impossible de lire. Allongée au milieu des Astérix et des Boule et Bill, je passai, par mimétisme, un doigt sous mon slip, à l'endroit où j'avais embrassé Nadège. Je sentis que chez moi aussi, il se passait quelque chose de curieux. Lorsque je touchai le bouton de ma fleur, je me sentis encore plus bizarre. J'arrêtai alors mon exploration, confuse. Je compris que les guimauves ne seraient plus le seul attrait de cette étrange expérience. Il me tardait ainsi d'être au lendemain pour – je l'espérais en secret – réitérer l'opération du jour.

***

Le jeu se reproduisit tel quel, fessée comprise. De retour dans ma chambre, j'essayai à nouveau sur moi l'effet produit par le petit bouton qui gonflait quand j'y pressais mes doigts.
Le surlendemain, lorsque Maryline m'appela, je ne me fis pas prier. Je gagnai le jardin, et, à la demande de Nadège, m'agenouillai et baisai les pieds de ma reine. Nadège répéta « c'est bien, esclave » et me dit que la ministre de ses armées avait également besoin d'un acte d'allégeance de l'esclave que j'étais. De moins en moins niaise, je compris que ma cousine souhaitait être léchée à son tour. Sûre de mon assentiment, Maryline avait descendu sa culotte et attendait, allongée sur le sol, jambes écartées. J'avançais donc vers elle à quatre pattes, fesses à l'air, sur l'ordre de Nadège qui aimait ajouter de petites humiliations à mon travail servile. Je remuais un peu le popotin, comme un chiot content, lorsque je me retrouvai en face de baskets noires.
Je t'avais dit que cette petite souillon léchait tout ce que l'on voulait !
Baskets noires éclata de rire. Je reconnus alors en lui le frère de Nadège, un grand dadais de quinze ans qui se la jouait caïd du quartier avec son jeans déchiré et son polo à tête de mort.
Quand elle aura fini de gougnotter sa cousine, qu'elle vienne me tailler une pipe ! ricana-t-il.
Je compris seulement ce qu'il attendait de moi lorsque, après que je me fus acquittée de ma tâche auprès de Maryline, je le vis se débraguetter. Ce n'était pas plus mauvais de lécher son truc à lui, que de lécher Nadège ou Maryline. C'était même plus amusant, parce que l'outil que Baskets noires tenait entre ses jambes grossit et durcit quand il coulissa dans ma bouche. Je m'étais placée à genoux devant lui et avançais ou reculais, dans un mouvement que Baskets noirs imprimait en me tenant la tête. J'essayais de ne pas racler mes dents, comme il me l'avait demandé, et bavais tant que je le pouvais pour lubrifier.
Tous les quatre concentrés sur cette fellation – j'appris également ce vocable lors de ce jour mémorable – nous n'entendîmes pas ma tante approcher. Nous étions bien trop silencieux, ce qui lui avait mis la puce à l'oreille, bien qu'elle n'imaginât évidemment pas quelle pouvait être notre activité du moment...
Sa voix stoppa net mon élan :
Mais qu'est-ce que tu fais, petite dépravée ? Et vous tous ?!
Baskets noires et Nadège déguerpirent aussitôt en franchissant la haie qui les séparait de la maison de leurs parents. Maryline, blême, baissa la tête et ne répondit pas. Quant à moi, en bafouillant, j'expliquai simplement à ma tante que ce n'était qu'un jeu entre nous et que nous ne faisions rien de mal : j'étais leur esclave égyptienne et je devais lécher leur entrejambe pour prouver ma soumission. La pauvre femme tomba des nues, nous traita de dévergondées et de je ne sais plus quoi. Il s'en suivit de sévères remontrances, des conciliabules entre adultes – avec les parents de Nadège, mais aussi avec les miens, au téléphone. Nous fûmes tous consignés dans nos chambres (Nadège et Baskets noires compris) et l'on prit soin de ne plus me faire partager celle de Maryline, de peur que nous nous adonnions à nouveau à ce que les adultes nommaient nos vices.
Mes parents vinrent précipitamment me chercher. Je me mordis les doigts d'avoir raconté le jeu de Cléopâtre et de son esclave. Ce jeu aurait dû rester confidentiel, j'avais trompé leur confiance, ainsi que me l'asséna Maryline en mangeant sous mon nez toutes les guimauves qui restaient dans le paquet, alors que je faisais ma valise en reniflant. Manger devant moi les chamallows qui m'étaient destinés ne fut pas la pire punition que l'on m'affligeât : je regrettais bien plus la fin de ce jeu de léchage auquel j'avais rapidement pris goût. Mes vacances étaient gâchées ! Je dus rentrer chez mes parents et y rester, seule, jusqu'en septembre, sous la garde sévère de ma grand-mère, qui se chargerait désormais de mon éducation, comme elle aimait le répéter. Sauf qu'en matière d'éducation... J'appris, je l'avoue, cet été-là, bien davantage en compagnie de ma cousine et de ses dévergondés voisins.