J'ai écrit ce texte pour le thème "initiation sexuelle" des éditions La Musardine. Il n'a pas été retenu. Le voici donc :
L'été
alanguissait nos journées. Nous avions sommeillé jusqu'à une
heure avancée de l'après-midi.
Après
plusieurs semaines de travail intensif et l'attente anxieuse des
résultats, nous avions résolu de fêter, en même temps que ma
récente majorité, l'obtention de notre diplôme. Les parents de
Katia avaient eu l'excellente idée de partir en croisière et de
laisser leur maison à la charge de notre amie. Nous étions trois,
inséparables depuis des années. Nous aurions pu faire une virée en
boîte. Au lieu de ça, nous avions décidé de passer notre première
soirée de liberté dans le cocon de cette maison vide, juste toutes
les trois. Oh non, ce ne serait pas une soirée sérieuse. Katia
avait sorti une bouteille de vodka de la réserve paternelle. Elle
était entamée, si bien qu'une contenance moindre ne se verrait
guère. Nous bûmes cul sec puis, parce que cela arrachait la gorge,
avions décidé d'inventer nos propres cocktails avec tout ce que
l'on pouvait trouver en cuisine.
—
Les filles, vous devinerez
jamais ce que j'ai déniché en fouillant dans la chambre des vieux,
tout à l'heure !
—
Oh ! Ils ont des secrets
honteux ? Raconte ! s'exclama Doriane.
—
Eh eh, je vais même vous montrer ! Prenez vos verres, on émigre
dans ma chambre.
Katia
était la leader incontestée de notre groupe. Elle avait toujours
les meilleures idées, les propositions les plus saugrenues, le bagou
et l'audace qui me manquaient. Avec elle, on se sentait fortes car
elle n'avait peur de rien.
La
chambre de Katia était spacieuse. L'avantage d'être fille unique :
ses parents lui achetaient tout ce qui lui faisait plaisir. Elle
possédait ainsi pour elle seule un home cinéma, un truc géant que
je lui enviais. C'est vers le lecteur blu-ray qu'elle se dirigea.
—
Ce soir, Mesdemoiselles, vous admirerez avec moi les prouesses
sexuelles d'acteurs bien membrés, car je vous propose de voir…
Elle
consulta la jaquette.
—
Baise torride. Ils ne se sont pas cassés le cul pour choisir
le titre !
—
Ouh ouh ! Un porno ! Oh ouuuuui, fais-moi jouir, mon bel
étalon ! s'esclaffa Doriane.
Ils ne s'ennuient pas, tes
parents, dis donc ! Tu crois qu'ils prennent des cours et
mettent ensuite en pratique ?
—
On s'en fout, répondit Katia.
L'important, c'est de passer une soirée fun, et ça me semble pas
mal pour délirer, cette « baise torride ». Moi, les
muscles saillants des mecs, leurs petites fesses qui s'agitent en
cadence pendant que leur pine bien droite ramone une fille, je
demande qu'à voir.
—
Les pornos, ce n'est pas toujours
chouettes à voir, marmonnai-je.
—
Oh, Estelle, fais pas ta rabat-joie.
Cette nuit, on s'éclate ! Cocktail vodka et les trucs que t'as
mis dedans, plus
une pizza devant un porno. Ça pourrait être pire, il me semble !
Katia
prit son téléphone pour commander sa pizza préférée, une
calzone, sans nous demander avis, et inséra le film dans le lecteur.
Une musique lascive s'éleva du haut-parleur.
—
P'tain, rien que la musique est
hot ! ricanait Doriane en roulant les hanches à la façon d'une
strip-teaseuse.
Moi,
je ne savais pas trop où me mettre. Je décidai de m'asseoir au bord
du lit et de me faire aussi discrète que possible. Sur
l'écran, une femme en bikini savourait un drink sur sa chaise longue
en prenant des poses. Un mec en slip de bain moule-bite s'avançait
vers elle. Elle lui faisait les yeux doux, il s'installa direct à
califourchon et lui palpa les seins.
—
Qu'est-ce qu'elle en a de gros !
Tu crois que c'est des vrais ? demanda Doriane.
Elle
s'adressait à Katia, bien sûr. J'étais hors-jeu, ayant manifesté
trop fort mon manque d'enthousiasme…
—
Moi je dis que j'en ai de presque
aussi beaux que les siens, se vanta Katia.
Doriane
pouffait de rire.
—
Ben quoi, tu ne me crois pas,
peut-être ? Tâte ça, cette douceur, cette élasticité, cette
rondeur !
Katia
avait remonté son t-shirt et soupesait ses seins encore enserrés
dans leurs coques.
—
Douceur, mon cul, c'est parce que
t'achètes des soutifs en soie. C'est la chair qu'il faut tâter, ma
grande !
Avant
que Doriane n'ait fini de parler, Katia avait décroché les agrafes.
—
Eh ben alors, qu'est-ce que
t'attends ? Touche ! Alors, niveau douceur, ça se pose là,
tu ne crois pas ?
J'hallucinais.
Doriane caressait les seins de Katia comme elle aurait caressé son
lapin nain. Toutes deux étaient dans leur trip, j'étais décidément
de trop, si bien que lorsque la sonnette de la porte d'entrée
retentit, je m'éclipsai de la chambre. C'était le livreur de pizza.
Enfin non, pas seulement. C'était Jérémy. Le livreur était
Jérémy ! Je dus m'exclamer à haute voix, parce que les
filles rappliquèrent aussitôt. Katia avait heureusement abaissé
son t-shirt, constatai-je rapidement.
—
Ouah ! Jérémy ! Tu fais
le pizzaiolo maintenant ?
—
C'est juste un job de vacances. Ça
va comme vous voulez, les filles ?
Doriane
et Katia souriaient de toutes leurs dents et je bafouillai un « oui »
inaudible.
Jérémy
était le mec le plus mignon de la classe. Enfin, je trouvais.
—
T'as une minute, Jé ? On se
boit un cocktail de notre composition. Tu en prendras bien un aussi ?
—
Je ne dis pas non, c'est ma dernière
livraison.
—
Eh ben viens, on s'est installé
dans ma piaule.
Avec
un film porno sur grand écran !
Dans ma tête, c'était la
panique. Elles n'avaient pourtant rien fumé.
—
T'en fais une de ces têtes,
Estelle ! Souris, la vie est belle !
Et
Katia me fit un clin d’œil appuyé.
On
était quatre à présent dans la chambre de Katia. Jérémy, assis à
la tête du lit, avait envoyé valser ses Nike et étendu ses jambes.
C'est alors qu'il remarqua l'écran.
—
Eh, les meufs, vous vous faites pas
chier ! C'est cochon, ce que vous regardez !
—
On ne se contente pas de mater, si
tu veux tout savoir, répondit Katia du tac au tac.
Doriane
hennit. Ou fit un bruit qui ressemblait beaucoup à un hennissement.
—
J'étais en train de la peloter
quand t'es arrivé. Tu nous as interrompu, quoi, alors j'espère que
ça ne te dérange pas si on reprend là où on en était.
Sauf
que là, elles se mirent toutes les deux topless et se tripotèrent
mutuellement. Jérémy avait
les yeux exorbités. Je bus une gorgée de notre affreux cocktail
pour me donner une contenance.
—
T'en veux un ?
Je
lui tendis un verre qu'il prit machinalement. Puis il me regarda et
me dit :
—
Et toi, tu ne te fous pas à poil ?
—
Parce que t'es
à poil, toi ? Je fais ce que je veux, figure-toi.
—
Oh mais si, elle va s'y mettre !
Mais les trucs entre filles, c'est pas pour elle. Elle préfère les
mecs dans ton genre, tu comprends. C'est pour ça qu'on t'a fait
entrer. Elle se serait ennuyée sinon. D'ailleurs, là, on a besoin
d'un peu d'intimité, vous comprenez. On ne va pas se brouter le
minou devant vous. On vous laisse tous les deux faire connaissance.
—
Oui, faites connaissance, se marra
Doriane.
Elles
s'éclipsèrent toutes les deux. Je n'avais pas eu le temps de
protester, pas le temps de réagir. Elles m'avaient sciée.
—
Crois pas un mot de ce qu'elles
disent. Elles se la jouent.
—
Leurs nichons à l'air, ce n'était
pas de la frime.
—
Cela faisait juste partie de leur
spectacle. Elles ne sont pas lesbiennes. Enfin… Je ne crois pas.
J'étais
subitement prise d'un doute.
—
Toi,
t'aimes les mecs, alors ?
Dans
quoi je m'étais fourrée !
—
Si tu veux pas répondre, c'est pas
grave. On peut déjà manger la pizza. Vu qu'elles sont parties sans,
il y en aura plus pour nous. Partager une part de calzone, c'est un
bon début pour faire connaissance, tu ne crois pas ?
Il
prenait ça en rigolant. Alors autant que je fasse pareil.
—
Sauf qu'on se connaît déjà. Tu te
rappelles, on était dans la même classe ! fis-je.
—
Évidemment
que je le sais. La petite blondinette avec des bracelets à chaque
poignet, on ne pouvait pas te louper. S'il
y en a bien une que j'aurais aimé mater, ce soir, c'est bien toi.
Terrain
glissant. Une alarme s'était déclenchée, j'imaginais un gyrophare
rouge qui tournoyait.
—
Compte pas trop dessus. Je ne
m'appelle pas Katia ou Doriane.
—
« Pas trop », ça peut
vouloir dire « un peu », non ?
Je
ne savais pas s'il plaisantait, mais tout en parlant, il remonta sa
main le long de mon bras. Ce contact m'électrifia.
—
On pourrait fermer la porte à clé
et leur laisser croire qu'on fait des trucs ensemble, ce serait
marrant. Après tout, si elles jouent la comédie, on peut faire
pareil, tu ne crois pas ?
Est-ce
un manque d'assurance ou un tic de langage ? Jérémy terminait
souvent ses phrases par une question. Attendait-il réellement une
réponse ou pensait-il de cette manière avoir mon assentiment
tacite ? En tout cas, il mit le verrou et revint vers moi, me
tendant une part de pizza.
—
Elle n'est pas mauvaise, celle-là.
Chaude, moelleuse. Goûte !
Il
porta la part à mes lèvres. J'en pris une bouchée. Sur l'écran,
c'était tout autre chose que la femme prenait en bouche.
—
Tu sais, le sexe, c'est quand même
meilleur quand on prend le temps de se découvrir. Je dis ça, je dis
rien, mais on a la soirée pour nous, tu m'attires grave et les
filles avaient l'air de dire que cela pourrait être réciproque. Je
me trompe ?
Oh
non, il ne se trompait pas, mais allais-je lui répondre ça de go ?
Je ne dis rien, mais mon visage devait parler pour moi car il
s'approcha, caressa mes cheveux et embrassa mes lèvres. C'était
tendre et doux. Il commenta en usant d'autres qualificatifs, les
mêmes que précédemment : chaud et moelleux.
—
Tu es ma petite calzone, dit-il en
souriant.
Il
joua à nouveau avec mes lèvres avant d'insérer sa langue. Mon
ventre se tordit, je ressentis comme des aiguilles, une torture
subtile qui faisait mal et pourtant du bien, quelque chose auquel je
voulais mettre fin et faire durer tout à la fois. Il sentit mon
désir monter et en joua, il s'éloigna, s'approcha à nouveau,
caressa mes bras, effleura mon visage ainsi que ma poitrine qui se
tendit à ce frêle contact. Il me susurra que j'étais belle et
qu'il bandait pour moi. Il me prit une main et me fit toucher son
entrejambe gonflée.
—
Tu sens l'effet que tu me fais ?
Encore
une question auquel la réponse était évidente. J'avais conscience
de ce sexe qui se raidissait. Ma main voulait en épouser les
contours. J'avais vaguement honte d'éprouver une telle envie. Je
pensais même à cette caresse buccale que j'avais aperçue sur
l'écran, me demandant si je saurais faire, moi aussi… Je touchais
sa verge en érection à travers son bermuda, m'appliquant comme une
écolière. Tout aussi studieusement, ses paumes chaudes massèrent
mon fessier. Comme c'était agréable, ce simple geste, comme j'en
voulais plus encore, sous le tissu, sous ma petite culotte, à même
la peau.
—
Ton corps est mûr, j'ai
l'impression de sentir la moiteur de ton sexe, tu me voudrais,
n'est-ce pas ?
Il
remonta les mains sur mon corps, souleva mon t-shirt et le fit passer
au-dessus de ma tête. Mes seins ne valaient pas ceux de Katia… Il
les pressa cependant avec ferveur, embrassa le décolleté tout en
dégrafant mon soutien-gorge. Je fus soudain à moitié nue devant
lui.
—
Installe-toi confortablement, me
dit-il en poussant le carton de pizza qui trônait sur le lit.
Il
s'occupa alors de mes seins avec sa bouche. Il me téta comme un
petit enfant, aspira mes tétons. Comme mu de lui-même, mon bassin
se soulevait. Jérémy plaqua une main sur mon short, à hauteur de
mon pubis. Cette pression accentua les sensations. Cette moiteur dont
il parlait, je la percevais, je sentais mon vagin s'humidifier
davantage. Ainsi, c'était ça, je préparais le chemin, il pourrait
me pénétrer, s'enfoncer dans mes chairs, je lui en facilitais
l'accès.
Jérémy
se déshabilla rapidement. À mon tour, je pus toucher son corps, son
torse, son dos. Celui qui allait devenir mon amant – est-ce que je
rêvais ? Mon amant ! Lui ! - était svelte, assez
musclé. Sa peau était douce. J'aimais ce contact, je le sentais
réceptif à mes caresses, il m'embrassa de nouveau, sa bouche
plaquée à la mienne, sa langue contre la mienne. Je m'enhardis, je
descendis mes mains sur ses fesses, les glissai de chaque côté et
les fis se rejoindre sur l'objet convoité. Ses bourses tout d'abord.
La peau en semblait si fine, fragile. Elles étaient parsemées de
poils. Je songeai à mon pubis, subitement honteuse. Les femmes
s'épilaient, mais pas moi. Est-ce qu'il ne serait pas dégoûté en
le découvrant ? Percevant mon agitation, il murmura,
rassurant :
—
Chut, calme-toi. Respire. Profite…
Il
s'occupa à nouveau de ma poitrine, arc-bouté sur moi, me laissant
libre accès à son entrejambe. Je délaissai les testicules pour
remonter le long de sa hampe. On aurait dit un petit animal, chaud,
vivant, raide et pourtant souple, animé de soubresauts, comme
apeuré, comme si cette verge avait besoin d'être apaisée entre mes
doigts. Je la pressai ainsi entre mes mains, d'une extrémité à
l'autre, fis le chemin inverse et recommençai.
—
Appuie plus, encore, gémit-il.
Je
repris le mouvement en marquant davantage ma caresse. C'était plus
une friction d'ailleurs. Je le masturbais, tel était le mot.
—
Stop ! S'écria-t-il soudain.
Pas plus ou je vais gicler. Ce n'est pas le moment, je veux m'occuper
de toi.
Il
descendit prestemment mon short. Le moment de vérité approchait. Il
joua avec l'élastique de ma culotte, retardant l'instant où ses
doigts enfin toucheraient mes lèvres épaisses et celles plus fines,
délicates, qui perlaient… Il descendit enfin le seul tissu qui
couvrait encore mon sexe palpitant. Non, il n'y eut pas de geste de
recul, ma toison pubienne d'un châtain un peu plus foncé que mes
cheveux ne le dégoûta pas. Il ne fit aucun commentaire, y passa
même les doigts avant de rejoindre l'épicentre de mon désir.
D'instinct, j'ouvris un peu plus les cuisses. Puis davantage encore
lorsqu'il enfonça doucement un premier doigt. Je me raidis, me
cambrai. Cet attouchement était délicieux. J'attendai impatiemment
un plus rude contact, plus volumineux, qui frotterait mes muqueuses,
qui forcerait le passage. Je voulais plus de doigts. Ou non, je
voulais son membre dur.
—
Merde ! Préservatif !
On
m'avait tant dit et répété qu'une fois suffisait, qu'il ne fallait
pas jouer avec le feu, que je pouvais tomber enceinte dès la
première fois, que sans protection il y avait le risque des IST…
—
T'inquiète, j'ai ce qu'il faut.
Jérémy
se saisit de son bermuda, fouilla une poche et ressortit un carré
gris aux bords découpés en créneaux. Il déchira l'emballage, se
saisit d'une main de son sexe et de l'autre déroula le préservatif.
—
Voilà, c'est fait. Je vais pouvoir
m'enfoncer en toi. Tu es prête ?
J'étais
surtout tendue, à cet instant et sa poussée me fit très mal.
—
Décontracte-toi, je ne bouge plus…
Tu vas t'habituer à moi, et tu vas aimer, tu verras…
J'expirai
doucement. Il s'allongea entièrement sur moi, picora mes lèvres
avant d'enfoncer à nouveau sa langue entre mes dents. Et il
recommença à bouger en moi. Doucement. Je gémis, entre douleur et
sensations qui sans être encore agréables, étaient, je le sentais,
sur le point de le devenir. Il m'étourdisssait de ses baisers, si
bien que je lui laissais toute latitude d'action. Il souleva un peu
mes cuisses et poussa davantage. Je le sus, il avait déchiré mon
hymen et se trouvait au plus profond de mon intimité. L'idée d'être
possédée par lui contribua, je le crois, à amplifier cette
sensation qui montait en moi, comme une vague. C'est le moment qu'il
choisit pour me limer en de profonds va-et-vient. Il n'y avait plus
de douceur, juste un sexe qui s'enfonçait dans un autre, juste un
homme qui prenait son pied et moi, dessous, perdue, incapable
d'analyser ce que je ressentais en bien comme en mal. Je n'étais pas
loin de quelque chose, il me manquait juste je ne savais quoi pour
apprécier vraiment cette intrusion. Un peu d'expérience, sans
doute. Une meilleure maîtrise de mon propre corps. Il y eut tout de
même un vague plaisir, et l'envie de recommencer, plus tard, avec
lui, encore, pour découvrir, pour atteindre ce qui serait à ma
portée, pour jouir moi aussi de ce coït.
Jérémy,
dans un râle, stoppa son mouvement et s'effondra sur moi avant de
rouler sur le côté.
—
Ah, c'était bon ! dit-il,
essoufflé. Et pour toi, bébé ?
Sa
manie des questions, décidément…
—
C'était…
J'hésitais.
—
Disons que c'était intéressant,
cela devenait agréable à la fin, et surtout, ajoutai-je, car je me
rendais compte que ma réponse n'était pas à la hauteur de celle
qu'il attendait, cela donne envie de recommencer…
Il
rit.
—
T'inquiète pas pour ça, on
recommencera. Il faut juste que tu me laisses souffler deux minutes…
Entre
mes cuisses, il y avait du sang. Cela pourrait paraître peu
ragoûtant, mais je trouvai ça beau. Ce sang symbolisait un passage,
j'étais adulte, j'étais une femme à présent.
On
entendit alors Katia et Doriane à la porte.
—
Eh, les tourteaux, vous avez fini
votre petite affaire ?
Puis
soudain, elles entonnèrent « joyeux anniversaire ». Il
est vrai que l'on devait fêter mes 18 ans, ce soir-là, en plus de
notre bac.
—
Il t'a plu, le cadeau qu'on t'a
préparé ? questionna Katia.
Les
chipies ! Jérémy sourit, avec un faux air penaud.
—
Oui, on avait manigancé le
déroulement de la soirée. Je ne livre pas de pizza, je suis juste
allé en chercher une quand Katia m'a appelé, tout à l'heure. Tu ne
nous en veux pas ? Les filles m'avaient dit que tu fantasmais
sur moi, et moi, tu me plaisais bien, alors… j'ai tenté ma chance.
Devais-je
leur en vouloir ? A côté de moi, la queue de Jérémy se
raidissait à nouveau.