Si vous avez manqué le début, c'est ICI.
VI
Pour
approcher
au
plus
près
la
vérité,
je
confrontai
diverses
sources.
La
confession
de
Mad
prononcée
les
dernières
heures
avant
sa
mort,
des
articles
de
journaux,
des
bribes
de
conversation
de
témoins
de
l'une
ou
de
l'autre
scène,
et
même
le
récit
de
Bill
le
fâché,
dans
une
version
expurgée
des
détails
grandiloquents
qu'il
aimait
ajouter
habituellement.
Les
notes
que
je
pris
essayèrent
de
transcrire
les
faits,
sans
parti
pris.
Tels
furent
les
principaux
protagonistes
des
dernières
aventures
de
Mad,
les
quatre
hommes
présents
lors
de
la
soirée
costumée
organisée
au
bordel :
Phil
Daighty,
rentier,
marié
à
la
fille
d'un
ancien
sénateur
de
trente
ans
plus
jeune
que
lui,
Donald
O'Neill,
propriétaire
du
ranch
New
Horizons,
avec
le
nombre
de
têtes
de
bétail
le
plus
important
du
comté,
William
Bullogh,
dit
Will
le
joueur,
sans
profession,
fils
d'une
riche
famille
du
Colorado,
connu
pour
son
addiction
au
poker
et
Alan
Simon,
dit
« Dr
Simon »,
psychologue
de
formation,
fasciné
par
l'occulte
et
par
l'hypnotisme.
Les
trois
premiers
trouvèrent
la
mort,
abattus
par
Mad.
Round
1,
Phil
Daighty
Sa
maison
faisait
face,
imposante,
à
la
ville.
Phil
Daighty
avait
quelques
années
durant
occupé
le
poste
de
shérif,
mais
la
goutte
qui
le
tenaillait
depuis
qu'il
avait
dépassé
les
cinquante
ans
l'avait
écarté
de
ces
fonctions.
Les
excentricités
de
sa
jeune
épouse,
la
délicieuse
et
fantasque
Elizabeth
dont
les
tenues
étaient
toujours
à
la
pointe
de
la
mode,
l'avaient
lassé
après
une
longue
lune
de
miel
que
bien
des
hommes
lui
enviaient.
Il
avait
renvoyé
celle-ci
dans
l'Est
du
pays,
auprès
d'amis
de
son
père,
où
les
divertissements
qui
s'y
déroulaient
convenaient
mieux
à
sa
nature
frivole.
Un
jeune
homme
éconduit
par
la
belle
jurait
qu'Elizabeth
n'avait
jamais
atteint
sa
destination
et
que
Phil,
derrière
l'allure
débonnaire
qu'il
affichait
en
disant
avoir
rendu
la
liberté
de
mouvement
à
son
épouse,
cachait
le
plus
vil
secret :
il
aurait
surpris
Elizabeth
dans
une
situation
fort
compromettante
et
avait
préféré
venger
son
honneur
en
faisant
exécuter
sa
femme
sur
la
route
qui
la
menait
à
l'Est.
Son
corps
aurait
été
privé
de
sépulture
chrétienne...
Vrai ?
Faux ?
L'homme
qui
colportait
cette
histoire
disparut
subitement
et
plus
personne
ne
prononça
le
nom
d'Elizabeth
Daighty...
Les
récits
de
la
mort
de
l'ancien
shérif
convergeaient :
Phil
arpentait
les
rues
de
C***
sur
son
cheval
bai
lorsqu'une
balle
fit
tomber
son
chapeau.
Il
n'eut
pas
le
temps
de
saisir
son
arme
qu'une
deuxième
balle
se
logea
dans
sa
main
droite.
Le
cheval
rua
et
partit
au
galop.
Trop
tard
pour
que
Phil
fuît
le
traquenard.
Ce
fut
un
cadavre
qui
chevaucha
quelques
secondes
la
bête
apeurée
avant
de
chuter
lourdement
sur
la
route
poussiéreuse :
une
troisième
balle
s'était
logée
entre
les
deux
yeux
du
cavalier.
L'opération
avait
été
menée
depuis
les
toits.
Mad
avait
patiemment
guetté
sa
proie.
Les
événements
qui
précédèrent
sa
mort
étaient
plus
difficiles
à
établir.
Il
semblait
que
trois
semaines
plus
tôt,
Mad
avait
adressé
une
première
lettre
anonyme
à
Phil
Daighty.
La
missive
ne
comportait
que
ces
mots :
« Tu
vas
payer
pour
tes
crimes. »
Le
soir
même,
Phil
Daighty
avait
trouvé
ses
bottes
neuves
lacérées
au
couteau.
Quelqu'un
s'était
introduit
chez
lui
alors
même
qu'il
était
sous
son
toit !
Son
sang
ne
fit
qu'un
tour.
Il
aurait
les
crapules
qui
avaient
osé
violer
son
domicile !
Seulement,
personne
ne
se
manifesta
et
Phil
ne
savait
de
quels
ennemis
venait
la
menace.
Il
envoya
Pat
et
Denis,
deux
hommes
à
la
mine
patibulaire
qui
exécutaient
les
basses
besognes,
régler
son
compte
à
Henri
Valley :
cet
homme-là
lui
faisait
de
l'ombre,
et
si
la
menace
ne
venait
pas
de
lui,
ce
serait
toujours
un
ennemi
de
moins
dans
son
entourage.
Égorgé,
les
membres
sauvagement
mutilés,
le
corps
de
Henry
Valley
fut
abandonné
aux
animaux
errants.
Phil
se
plaisait
à
penser
que
les
chiens
faméliques
avaient
dépecé
ses
chairs.
Les
jours
s'écoulèrent.
Quelques
incidents
les
ponctuèrent,
sans
que
Phil
ne
pût
mettre
la
main
sur
le
ou
les
coupables.
Toutes
ces
intimidations
venaient-elles
de
Mad
elle-même
ou
certains
ennemis
de
Phil
profitaient-ils
du
fait
que
le
vent
semblait
tourner
en
sa
défaveur
pour
se
venger
de
cet
homme
sans
cœur ?
La
veille
de
sa
mort,
Phil
Daighty
reçut
une
dernière
missive,
signée
« Mad »
cette
fois.
Trois
lettres
avaient
été
découpées
dans
un
journal
et
collées
sur
une
feuille :
N
O
W.
Round
2,
Donald
O'Neill.
Le
ranch
fut
incendié.
Le
feu
était
divisé
en
plusieurs
foyers
et,
lorsque
les
employés
s'affairaient
pour
éteindre
un
brasier,
un
autre
prenait
de
l'ampleur.
Donald
O'Neill
dirigea
les
opérations
après
avoir
mis
sa
famille
à
l'abri.
Une
partie
de
l'aile
droite
du
ranch
New
Horizons
tomba
cependant
en
cendres.
Une
perte
qui
n'était
pas
irrémédiable,
mais
qui
secoua
l'empire
foncier
que
Donald
avait
patiemment
bâti
des
années
durant.
Après
l'incendie,
il
y
eut
un
deuxième
avertissement :
un
enclos
fut
ouvert ;
des
chevaux
de
toute
beauté
qui,
après
avoir
été
débourrés,
se
seraient
chèrement
vendus,
retrouvèrent
ainsi
la
liberté.
Nouvelle
perte.
Puis
il
y
eut
une
légère
intoxication
des
vaqueros
à
son
service.
On
ne
sut
si
leur
nourriture
avait
été
sciemment
empoisonnée
ou
si
un
manque
d'hygiène
en
était
cause.
Donald,
lui,
avait
dès
lors
compris
à
quoi
s'en
tenir
et
devenait
très
nerveux.
Le
moindre
incident
le
mettait
dans
une
colère
noire.
Sa
veine
jugulaire
semblait
alors
monstrueusement
gonflée.
On
craignait
pour
sa
santé.
La
mort
de
Phil
était
survenue
trois
mois
plus
tôt.
Le
nom
de
son
assassin
était
connu :
Mad.
Mad !
Cette
femme
était
folle
à
lier !
Si
Donald
avait
cru
quelque
temps
que
Mad
était
une
ancienne
maîtresse
de
Phil
qui
s'était
vengée
d'avoir
été
abandonnée,
mise
en
cloque
peut-être,
ce
scénario
ne
tenait
plus
la
route
à
présent
qu'elle
s'en
prenait
à
lui.
Pourtant,
il
avait
beau
fouiller
sa
mémoire,
il
ne
connaissait
pas
cette
Mad
qui
s'acharnait
sur
lui
et
sur
ses
biens.
Lorsqu'il
tomba
raide
mort
devant
les
portes
du
saloon,
il
n'avait
toujours
rien
compris.
On
supposait
que
Donald
O'Neill
avait
consigné
dans
un
registre
les
transactions
frauduleuses
qu'il
menait.
Un
document
essentiel
qui
pouvait
prouver
devant
la
justice
que
la
fortune
du
défunt
était
en
partie
le
résultat
de
contrats
falsifiés,
d'avantages
obtenus
grâce
à
des
pots-de-vin
et
du
soutien
de
quelques
malfrats
qui
terrorisaient
la
population.
Le
registre
aurait
été
brûlé
par
Nelly,
sa
veuve.
Une
bonne,
qui
accepta
de
parler
contre
l'assurance
d'une
place
où
les
gages
seraient
plus
élevés,
jura
que
son
ancienne
maîtresse,
dès
l'annonce
de
la
mort
de
son
mari,
s'était
empressée
de
demander
que
l'on
fît
du
feu,
alors
même
que
la
température
extérieure
ne
le
nécessitait
nullement.
Était-ce
réellement
pour
brûler
des
documents
ou
Nelly
O'Neill
avait-elle
ressenti
dans
ses
membres
le
froid
de
la
mort
qui
venait
d'emporter
son
époux ?
Nelly
se
remaria
cinq
mois
plus
tard
et
quitta
la
région.
Personne
ne
sut
le
fin
mot
de
cette
histoire.
Round
3,
William
Bullogh.
Will
le
joueur
était
sûr
de
sa
force,
sûr
de
son
pouvoir.
Une
femme,
le
menacer ?
Lorsqu'il
reçut
un
avertissement
de
Mad,
il
éclata
d'un
rire
sinistre
et
déclara
qu'il
ferait
la
peau
à
cette
gueuse.
Il
partit
ainsi
à
sa
recherche,
au
petit
matin,
sur
son
cheval,
seul,
avec
deux
colts
à
la
ceinture.
La
traque
dura
des
semaines.
On
raconta
que
les
deux
ennemis
se
confrontèrent
une
première
fois
et
qu'il
en
fallut
de
peu
que
Mad
n'y
perdît
la
vie.
Blessée,
acculée
contre
des
rochers,
elle
attendait
la
mise
à
mort,
mais
Will,
fidèle
au
surnom
qu'on
lui
avait
attribué,
aima
faire
durer
le
jeu
et
observer
la
peur
gagner
sa
proie.
Mad
ne
fut
sauvée
que
par
un
orage
aussi
imprévisible
que
violent.
Un
éclair
traversa
le
ciel,
puis
la
foudre
tomba
à
quelques
mètres
de
Will.
Le
cheval
se
cabra
et
prit
le
galop.
Will,
encore
en
selle,
ne
put
le
contrôler.
Mad
en
profita
pour
s'enfuir.
La
chance
avait
été
de
son
côté.
Pour
survivre
cependant,
il
fallait
plus
que
de
la
chance :
ruse
et
habileté
étaient
primordiales.
L'un
des
deux
antagonistes
sortirait
du
duel
suivant
les
pieds
devant.
La
traque
reprit.
Mad
ne
contrôlait
plus
la
situation,
loin
des
conseils
avisés
de
La
Trouée,
face
à
cet
adversaire
imprévisible.
La
patronne
du
bordel,
qui
avait
tant
travaillé
les
plans
d'attaque
précédemment,
lui
faisait
cruellement
défaut.
Will,
de
son
côté,
n'hésitait
pas
à
prendre
de
grands
risques :
il
sortait
à
découvert
pour
gagner
du
temps,
couper
court
à
travers
la
plaine
pour
rejoindre
l'endroit
où,
lui
avait-on
glissé,
Mad
devait
se
terrer.
Il
payait
le
moindre
renseignement
et
beaucoup
de
pauvres
hères
lui
servirent
ainsi
d'indics.
Lors
de
leur
ultime
confrontation,
Will,
trop
sûr
de
son
succès,
commit
une
erreur
irréparable.
Mad
tira.
William
Bullogh
fut
retrouvé
mort.
Il
n'avait
pas
même
eu
le
temps
de
dégainer
son
arme.
VII
La
veille
de
l'exécution,
j'écoutais
Mad
terminer
le
récit
de
sa
vie.
« Je
n'ai
pu
finir
la
tâche
qui
était
mienne,
conclut-elle.
Dr
Simon,
cet
homme
abject,
coule
une
vie
douce
et
heureuse.
Il
est
craint
et
respecté.
Rien
ne
semble
pouvoir
souiller
son
apparente
honorabilité.
Or,
cette
ordure
ne
mérite
pas
de
vivre. »
Je
quittai
le
cachot,
bouleversé.
Les
dernières
paroles
de
Mad
résonnaient
dans
ma
tête.
Pouvait-on,
comme
l'avait
choisi
Mad,
faire
justice
soi-même ?
N'était-ce
pas
un
blasphème
de
juger
soi-même
du
bien
et
du
mal ?
La
Bible
nous
enseignait
pourtant
ce
qui
arriva
aux
hommes
orgueilleux
qui
construisirent
la
tour
de
Babel,
dans
le
but
de
se
hausser
jusqu'au
Ciel
pour
devenir
les
égaux
de
Dieu.
Se
venger
au
lieu
d'attendre
le
Jugement
dernier,
cela
avait-il
un
sens ?
Était-ce
légitime ?
La
nuit
fut
brève.
L'aube
chassa
les
ténèbres.
C'était
le
jour
de
l'exécution.
Un
échafaud
de
planches
attendait
la
condamnée
au
soleil
de
midi
et
la
foule
se
massa
dès
le
milieu
de
la
matinée
pour
assister
au
plus
près
à
ce
spectacle.
Au
premier
rang
se
trouvait
Bill
le
fâché
que
tous
considéraient
comme
un
héros.
Lorsque
Mad
approcha,
encordée,
conduite
par
un
militaire,
quelques
personnes
crachèrent
à
son
passage.
Quel
triste
sort,
pauvre
Madeleine !
Que
Dieu
Tout
Puissant
et
que
Jésus,
Son
Fils,
Notre
Seigneur,
pardonnassent
ses
péchés
et
accueillissent
dans
le
Royaume
des
Cieux
cette
pauvresse,
dont
le
cœur
n'était
dévoyé
que
par
le
souffle
de
la
vengeance !
Je
joignis
les
mains
et
me
recueillis.
Autour
de
moi,
la
foule
grondait.
Un
grommellement
sourd
d'où
s'échappaient
par
moments
des
bordées
d'injures.
Quelle
triste
représentation
de
la
nature
humaine !
Mad
était
arrivée
sur
l'estrade.
La
corde
fut
passée
autour
de
son
cou
gracile.
Elle
ne
semblait
déjà
plus
vivre,
pâle,
exsangue
même,
muette,
immobile,
le
regard
perdu
dans
un
lointain
inaccessible.
On
actionna
une
trappe.
Ses
pieds
ne
touchèrent
plus
sol.
L'instinct
de
survie
la
fit
s'agiter,
se
tordre
et
agripper
la
corde
qui
l'enserrait.
Mais
la
mort
était
inéluctable.
Comme
une
marionnette,
le
corps
de
la
jeune
femme
se
balançait
au
rythme
imprimé
par
la
corde.
C'était
une
danse
langoureuse
que
menait
la
faucheuse.
Le
nœud
coulant
fit
son
office.
À
l'orée
de
la
mort,
le
visage
de
Mad
devint
verdâtre
et
grimaçant,
aussi
hideux
qu'une
représentation
du
diable
imprimée
sur
un
livre
de
prières
qui
me
terrorisait
dans
mon
enfance.
Une
figure
du
diable
aux
yeux
exorbités
et
à
la
langue
pendante,
dont
la
bouche
entrouverte
avait
laissé
couler
de
la
bave
sur
le
menton.
Je
ne
supportai
pas
davantage
cette
vision
de
cauchemar ;
je
pris
le
parti
de
rejoindre
le
temple
et
d'y
poursuivre
ma
prière.
C'était
tout
ce
que
je
pouvais
encore
faire
pour
elle...
Sur
le
chemin
du
retour,
une
agitation
inhabituelle
me
fit
approcher
de
la
demeure
du
Dr
Simon.
Des
gens
couraient,
s'interpellaient.
Des
voisins
s'assemblaient
et
commentaient
tous
en
même
temps.
On
peinait
à
se
comprendre
dans
cet
indescriptible
brouhaha.
Lorsqu'un
homme
de
la
maison
me
vit,
il
s'écria :
— Pasteur,
vous
tombez
bien !
Venez
vite !
Nous
étions
à
votre
recherche !
Dr
Simon
était
mourant,
ainsi
qu'on
me
l'apprit
au
moment
où
je
passai
le
pas
de
la
porte.
Il
déjeunait
paisiblement,
seul,
comme
à
son
habitude.
Il
se
trouvait
en
pleine
santé
et
mangeait
avec
appétit.
Soudain,
il
fut
pris
de
mouvements
spasmodiques.
Son
corps
gesticulait,
comme
pris
d'une
danse
de
Saint-Guy,
comme
si
un
démon
l'habitait.
Ses
gens,
alertés
par
le
fracas
d'une
chaise
tombée
à
terre,
s'étaient
rassemblés
dans
la
pièce.
Effrayés
par
ses
gestes
saccadés,
ils
n'osèrent
pas
l'approcher
de
trop
près
et
se
signèrent.
Un
homme
à
l'esprit
pragmatique,
pensant
davantage
à
une
crise
épileptique
qu'à
une
possession
d'un
démon,
courut
chercher
le
médecin.
On
partit
aussi
à
ma
recherche,
tant
l'affaire
semblait
surnaturelle :
le
secours
de
la
religion
semblait
nécessaire.
Après
ces
étranges
mouvements,
la
respiration
du
Dr
Simon
se
fit
rare.
Il
porta
les
mains
à
son
cou
comme
si
un
objet
entravait
son
souffle.
Ses
gens
le
transportèrent
de
toute
urgence
dans
sa
chambre.
On
ouvrit
le
col
empesé
qui
le
gênait,
on
fit
entrer
par
les
fenêtres
l'air
dont
il
manquait.
Le
médecin,
arrivé
sur
les
lieux,
vérifia
qu'aucun
aliment
n'avait
fait
fausse
route.
L'agitation
des
membres
s'était
calmée.
Cela
n'augurait
en
réalité
rien
de
bon,
car
l'état
du
malade
empira
rapidement.
Lorsque
j'arrivai
à
mon
tour
sur
les
lieux,
le
Dr
Simon
expira.
Ayant
monté
quatre
à
quatre
l'escalier,
je
me
postai
devant
sa
chambre
ouverte.
Le
mort
était
allongé
sur
son
lit.
Sur
ses
traits
convulsés,
il
me
sembla
revoir
l'hideuse
grimace
de
la
pendue.
La
mort
de
Dr
Simon
demeura
inexpliquée
pour
le
médecin.
Les
symptômes
ne
correspondaient
pas
à
un
empoisonnement.
Rien
ne
laissait
présager
une
santé
déficiente :
au
contraire,
puisque
le
Dr
Simon
paraissait
particulièrement
enjoué
depuis
l'arrestation
de
Mad,
dont
il
avait
suivi
auparavant
les
péripéties
avec
une
anxiété
visible.
Aussi
surprenant
qu'il
y
parût,
on
conclut
donc,
pour
apaiser
les
craintes,
à
une
mort
naturelle.
Quant
à
moi,
fort
de
mes
observations
et
de
mes
déductions,
je
ne
pus
mettre
en
doute
que
la
Providence
avait
parachevé
la
mission
que
Mad
s'était
fixée.
Je
compris
ainsi
que
la
jeune
femme
n'avait
été,
depuis
le
commencement
de
son
œuvre
vengeresse,
que
l'exécutrice
de
la
volonté
divine.
Le
bras
de
Dieu.
Épilogue
Je
restai
suffisamment
longtemps
à
C***
pour
marier
Bill
le
fâché
et
Betsy
la
couturière.
Le
mariage
adoucit
les
mœurs
de
Bill,
il
le
rendit
moins
fanfaron
et
moins
dépensier.
Sa
femme,
travailleuse,
mais
surtout
économe,
ne
le
laissa
plus
boire
son
argent.
Le
ménage
fut,
sembla-t-il,
heureux.
La
Trouée
pleura
la
jeune
Mad.
Elle
ne
fut
jamais
inquiétée
par
les
autorités,
car
tous
ignoraient
sa
participation
à
la
vengeance
de
sa
protégée.
Elle
finit
par
conséquent
sa
vie
dans
son
bordel,
au
milieu
de
ses
filles
qui
lui
vouaient
une
réelle
affection.
À
sa
mort,
ces
dernières
reprirent
à
leur
compte
l'établissement,
qui
fonctionna
sous
leur
autorité
commune.
On
ne
vit
jamais
pareille
chose
ailleurs !
Elles
employèrent
un
jeune
Adonis
pour
suppléer
le
pianiste
vieillissant.
On
ne
reconnaissait
pas
au
jeune
homme
de
talent
musical,
mais
il
semblait
apprécié
pour
d'autres
qualités.
Au
fil
du
temps,
j'avais
appris
à
tolérer
ces
étranges
accouplements
humains :
s'ils
existaient,
n'était-ce
pas
dû
à
la
volonté
de
Dieu
elle-même,
puisqu'Il
aurait
eu
tout
loisir
de
ne
plus
autoriser
de
telles
pratiques
après
la
destruction
de
la
ville
maudite ?
Ces
êtres
sodomites
n'étaient-ils
pas
créés
pour
éprouver
les
hommes
et
les
enjoindre
à
devenir
tolérants
envers
leur
prochain ?
Cette
opinion
que
j'avais
professée
lors
d'un
sermon
attira
sur
moi
les
foudres
de
quelques
figures
bien-pensantes.
Je
fus
remplacé
dans
ma
charge.
Ma
propre
vie
prit
ensuite
un
tournant
inattendu.
Je
cherchai
comment
servir
mon
prochain,
lorsque
je
croisai
la
route
d'un
gamin
des
rues,
voleur
à
la
petite
semaine.
Le
garçon
que
j'aurais
pu
être
moi-même
sans
la
présence
aimante
de
ma
mère.
Je
trouvai
alors
un
nouveau
sens
à
ma
vie :
ce
garçon,
Thomas,
fut
le
premier
enfant
dont
je
pris
en
charge
l'éducation,
en
plus
de
lui
fournir
le
gîte
et
le
couvert.
Il
y
eut
ainsi,
de
rencontre
en
rencontre,
d'autres
enfants,
filles
et
garçons,
et
la
conséquence
logique
fut
que
j'ouvris
un
orphelinat.
Une
jeune
dame,
Margaret
Indeed,
rejoignit
l'établissement
en
tant
qu'institutrice
pour
jeunes
filles
et
devint,
grâce
à
Dieu,
mon
épouse.
Simple
concours
de
circonstances
diraient
certains,
justice
divine
pensai-je
pour
ma
part,
l'orphelinat
auquel
je
consacrai
le
restant
de
ma
vie
fut
bâti
sur
les
terres
qui
autrefois
avaient
appartenu
à
Mary
Molly,
la
bienfaitrice
de
Mad.