Texte que j'ai auto-édité sur Amazon, disponible uniquement pour les liseuses Kindle. C'est réducteur, surtout quand, comme moi, on a une liseuse Kobo et qu'on ne lit que le format ePUB...
Je n'ai jamais beaucoup aimé lire de longs textes sur des blogs. Mais il y a long et long et celui-ci est tout de même assez court. Pour celles et ceux qui n'ont pas de Kindle, voici Un petit extra ? que j'avais fait figurer sur mon ancien blog et que je propose à nouveau ici.
Je ne dis pas, il aurait pu en
être autrement, c'est sûr. Il aurait suffi d'un refus, d'un geste
pour faire savoir que gentiment, non merci, je n'étais pas
intéressée. J'aurais peut-être perdu mon emploi, mais ma
réputation aurait été sauve. Parce qu'être celle dont on peut
tâter les nénés quand elle sert le café, celle qui s'agenouille
et vous débraguette sur demande, celle qui se plie à toutes les
fantaisies de ces messieurs-dames, ce n'est pas vraiment glorieux
comme réputation, non, j'en ai conscience. Le gros Grégoire, à
l'accueil, je l'ai bien entendu souffler à Brigitte que c'était
dans ma nature, que j'étais vicieuse. « Faut
pas la plaindre, cette garce, elle a ce qu'elle est venu chercher.
Elle a le sang chaud et le feu au cul. »
Comme si je m'étais présentée à ce job pour me faire mettre,
n'importe quoi ! J'avais un copain à l'époque et il me
suffisait bien : Victor, qu'il s'appelait. Il tirait son coup
tous les soirs, alors le sexe, ça va, j'avais déjà ma dose !
Sitôt couché, Victor me foutait vite fait, j'écartais les jambes,
mais pas trop parce qu'il aimait être un peu serré dans mon con, il
y faisait quelques aller-retour, après quoi son engin dégoulinait
dans le préservatif ajusté dare-dare avant de faire la chose et je
devais lui laper les gouttes blanchâtres qui s'étaient collées aux
poils - il en avait partout, ce cochon !-, « faire
sa toilette »
comme il disait, « pour
être tout propre ».
J'aurais préféré qu'il se douche plus souvent, cela aurait senti
moins fort.
Après le nettoyage, il
pionçait. Un comme lui, ça suffisait, vraiment ! Je ne vois
pas pourquoi j'aurais souhaité me faire encore ramoner. Le gros
Grégoire ne savait pas de quoi il parlait. Qui plus est, ce ne
serait pas plutôt lui, le vicelard ? Parce que je l'ai surpris,
une fois, l’œil aux aguets : il m'avait maté en levrette,
j'en mettrais ma main à couper. Il n'était d'ailleurs pas le
dernier à sortir sa quéquette, mais je ne veux pas médire… Il a
bien assez de problèmes lui aussi, maintenant que la tuile nous est
tombée dessus. C'est une image, hein, le toit n'avait pas d'avanie.
Ou avarie. Je ne sais plus comment on dit. Les mots, ça se ressemble
trop des fois.
Mais je parlais de Victor qui
dormait. Je me finissais seule, un doigt humide planté dans le cul,
le pouce sur le clito. Je pensais à un baiser romantique avec un
acteur de cinéma pour me faire venir. Un brun de préférence. Vous
avez de beaux cheveux, on vous l'a déjà dit ? J'ai toujours eu
un faible pour les bruns, avec la peau douce, mais une barbe
naissante qui pique un peu. L'amant de mes rêves prenait mes lèvres,
en dessinait le contour avec sa langue comme s'il allait déguster
une glace Haagen Dazs, et ça me faisait monter au rideau. D'autant
mieux que j'activais deux doigts dans mon vagin au même moment.
L'orgasme, ça, c'est bon ! Ça requinque après une journée de
labeur ! Cette expérience quotidienne me laissait béate et les
doigts poisseux. Il était tard, Victor ronflait, je me tournais de
mon côté après m'être essuyé sur les draps.
Ah, quand j'y pense, combien
de draps épongeaient les forfaits des clients ! Je me baladais
le matin avec mon panier à linge posé sur un chariot. Les draps à
changer, c'était une partie de mon travail. Brigitte, elle, passait
l'aspirateur. On faisait équipe toutes les deux. Mais il n'y avait
que moi qui m'occupais des « extra », c'est-à-dire des
demandes particulières d'une clientèle qui connaissait les
possibilités que l'hôtel leur offrait.
Je reprends texto la formule de Monsieur Georges. « Extra »,
c'était quand même plus court à prononcer, alors on a appelé ça
comme ça. Le bouche-à-oreille avait dû marcher plein pot parce que
des « extra », j'avais dû en faire de plus en plus.
Les premières semaines qui
avaient suivi mon embauche, c'était timide, je me souviens par
exemple d'un PDG ou quelque chose comme ça, un homme en costard,
avec une petite mallette de cuir, qui m'avait mis la main au cul,
mais comme par inadvertance. C'était tout juste s'il ne s'était pas
excusé : sa main avait dépassé sa pensée, qu'il m'avait dit.
Tiens donc, comme si je croyais ça possible, une main autonome, qui
se baladait sur mon fessier. À d'autres ! J'ai donc souri,
l'air de dire que je n'y croyais pas, à son histoire, mais que je ne
lui en voulais pas non plus. Il ressemblait trop à un petit garçon
pris en faute, ça m'a touchée. Apparemment, je n'aurais pas dû
sourire, parce qu'il a considéré ça comme un encouragement. « Ah,
mais tu n'es pas farouche, c'est bien, combien de donzelles se
mettraient à crier à ta place et m'accuseraient de harcèlement
alors que je ne leur veux que du bien ! »
Oh ça non, je ne criais pas, moi, c'était certain, je n'avais pas
envie qu'on me prenne pour une nigaude qui avait peur qu'on lui
touche le derrière. Le PDG avait alors replacé sa main où elle se
trouvait un peu plus tôt, mais franchement cette fois, comme pour
encourager mon penchant à la clémence. Le pauvre homme avait sans
doute besoin d'un peu de compassion, il ne pouvait pas s'amuser à ce
genre de jeux avec des gens de son monde. Moi, ça allait, j'étais
là pour le servir de toute manière : remplir une tasse de café
ou se faire mettre une main au cul, quelle différence ?
Seulement, quand sa main est passée sous ma culotte et qu'il m'a
assoupli la rondelle de son index, j'ai poussé un soupir. Pas bien
fort, mais un soupir quand même. Allez savoir comment cette histoire
s'est propagée ! Il a pensé que j'aimais qu'on me touche à
cet endroit et les clients ont dû parler entre eux.
Mon PDG n'a pas trouvé le
temps ce jour-là de faire autre chose que de glisser un doigt dans
mon petit trou. Il m'a bien fait comprendre que c'était à regret
qu'il s'arrêtait là. Il reviendrait sûrement dans le même hôtel
au congrès suivant. Je ne l'ai jamais revu, cependant. C'est bien
dommage, car il avait des manières douces. Sa pine plantée dans
l'orifice en question m'aurait sans doute fait moins mal que celle de
Victor.
D'ailleurs, c'est peu de temps
après qu'on a rompus, Victor et moi. Je lui ai dit ses quatre
vérités en face, à ce crétin, qu'il y existait des hommes moins
rustres que lui, qui savaient me tirer des soupirs, comme le PDG avec
son doigt dans l'anus, et qu'après tout ça, je n'avais plus envie
que sentir sa queue dans l'un ou l'autre de mes trous. Il l'a mal
pris, d'autant que je rapportais plus de fric depuis que toutes ces
petites histoires de doigts dans le cul et de sexe en bouche avaient
commencé, et ce surplus lui aurait permis d'acheter un écran plat.
Mais bon, ce fric, de toute façon, c'était en récompense de mes
extras, alors je n'allais pas partager avec mon mec. J'en ai placé
une partie à la banque, pas bête la fille, j'ai préparé mes
arrières parce que je savais qu'un jour ou l'autre ça finirait,
c'était trop beau pour être vrai, et avec le reste je me suis
offert des soins en institut, des masques, gommages, massages, une
tuerie ! Le soir de la rupture, j'ai balancé les affaires de
Victor par la fenêtre. Mon keum a gueulé comme un putois et a
dévalé les escaliers. J'ai fermé derrière lui ; il n'a plus
remis les pieds chez moi.
Sans Victor, j'étais
tranquille, je pouvais gérer mon argent comme je le voulais. Et puis
mon fondement avait besoin de repos en fin de journée, parce que les
clients aimaient bien jouer avec ce trou-là. Me prêter aux
va-et-vient d'un mec dans cette ouverture – le salaud ne se
contentait plus de l'entrée naturelle, il réclamait l'autre,
tellement plus étroite qu'il giclait encore plus vite, et après je
me coltinais le nettoyage, vous imaginez ? -, en plus de tout le
taf que j'avais à l'hôtel, c'était trop me demander. Par contre,
mon vagin était un peu délaissé, il faut le reconnaître. J'ai
donc aussi prélevé un peu d'argent dans ma cagnotte pour m'acheter
un gode qui me remplissait bien le con. Je m'en servais tous les
soirs en invectivant Victor, ça me faisait marrer de lui crier
dessus, comme s'il était là, de gueuler qu'il avait une chique
molle, un tout petit boui-boui, et que mon gode au moins savait me
satisfaire. Comme je lui parlais tous les soirs, les voisins
croyaient qu'on était encore ensemble. Ça aussi, ça me faisait
marrer.
Mais il faut que je revienne à
mon PDG, au moment décisif où ma réputation s'est jouée, lorsque
j'ai accueilli ce doigt qui m'enculait alors que je venais servir un
petit-déj’. Pour moi, cette presque pénétration – il y a des
circonstances atténuantes, il ne m'avait pas piné avec son
braquemart tout de même ! - était une marque de bienveillance.
Oui, parfaitement, de la bienveillance. Au fond, il voyait que moi
aussi je subissais du stress, les lits devaient être impeccables,
sans plis, au carré comme à l'armée, que le café ne soit pas
froid en arrivant dans les tasses, que je ne confonde pas celui qui
demandait deux croissants et un sucre avec celui qui voulait un café
noir avec le journal du jour. Il faut une bonne mémoire, voyez-vous,
dans ce métier. Et la moindre erreur coûte cher. Alors une petite
distraction, un chatouillis bien placé pour me détendre, c'est
quand même gentil de sa part, non ?
On sous-estime le stress des
employés d'hôtel, moi je vous le dis. J'avais entendu une fois
Brigitte se faire remonter les bretelles par Monsieur Georges parce
qu'elle avait accompagné un jus de fruits de galettes bretonnes
alors que la cliente était au régime sans gluten. Ça a bardé !
Et qui a offert une réparation ? Bibi, pardi, vu que cette
gourde de Brigitte ne s'abaisse pas à faire minette aux dames. Déjà
qu'aux messieurs, elle refuse tout net de leur sucer la verge, même
quand celle-ci sort du caleçon tellement elle est raide et que ce
serait inhumain de la laisser aussi dure, sans proposer de
soulagement. Elle a le beau rôle, la Brigitte, n'empêche ;
elle se goure et c'est moi qui ai de la mouille plein le menton.
Ce n'est pas que je déteste
les dames, lécher leur vulve, poilue ou pas d'ailleurs, je ne fais
pas de distinguo là-dessus, tant que c'est lavé, mais tout de même,
je préfère le goût du sperme. Et puis j'ai lu dans un magazine que
cela donnait un épiderme de reine, alors je m'en tartine un peu le
visage, quand je le peux. Il y en a de toute manière toujours un qui
aime l'éjac' faciale, ça facilite le soin express de ma peau. Ou un
qui me demande de dégager mon buste, d'ôter mon chemisier blanc et
mon soutif assorti et qui vise mes seins, splash ! On verra qui
aura une belle peau, on comparera dans dix ans, entre Brigitte et
moi ! Elle aura des surprises, et elle regrettera.
Malgré tout ce que je
raconte, je ne lui cherche pas de noise, à Brigitte. Au fond, c'est
une bonne collègue. Mais il est vrai qu'elle est coincée, niveau
sexe. Alors le jour où un client a demandé à faire ça à trois,
j'ai été obligée de la maintenir sur le lit pour qu'il l'enfile
pendant que je léchais la raie du type. Vu ma position, je pouvais
aider qu'en tenant ses jambes à plat, et ce n'était pas facile,
parce qu'elle ruait comme un âne. Brigitte a braillé pendant
l'acte, comme si on la maltraitait ; elle m'en a voulu après,
malgré le joli billet qu'on lui a remis ; j'ai eu beau lui
expliquer que je ne pouvais pas faire venir le gros Grégoire, tout
de même, pour un plan à trois, elle m'en a quand même voulu. Le
Grégoire, impossible ! Il aurait été capable de sodomiser le
client alors que ce n'était pas ce que le monsieur souhaitait. Avec
lui, c'était un coup les hommes, un coup les femmes, il est dans une
zone sans frontière ; tout lui convient, pourvu que sa queue
frétille. Et il n'y met pas de forme : s'il voit un cul, il
s'enfonce sans poser de question. Il m'avait déjà enfilé,
celui-là, et pas qu'une fois. Je ne veux pas médire non plus sur
lui, mais on a intérêt à faire gaffe avec ce porc, il ne faut pas
lui tourner le dos… Je sais comment il s'y prend, il bourre le fion
et pistonne ferme. Plus d'une fois, je me suis retrouvée ainsi, la
jupe levée, le buste penché sur mon chariot, attendant que cela
finisse. C'est que j'avais autre chose à faire, moi ! Le gros
Grégoire, lui, sur son siège à l'accueil, glandait toute la
journée. Il se paluchait pour passer le temps, je ne l'apprendrais à
personne, même que les bordereaux de l'hôtel gardaient parfois des
traces de ses exercices manuels…
C'est comme les draps dont je
vous parlais tout à l'heure. On sait tout des clients d'un hôtel en
regardant leurs draps. Les couples qui ont baisé, ceux qui se sont
offert un petit plaisir solitaire. Tout, je vous dis. Dès que je
vois les draps, j'imagine sans peine ce qu'il s'est passé. Parfois
j'y mets le nez pour confirmer mes soupçons. J'en rigole avec
Brigitte, parce que pour parler, ça va, elle n'est pas aussi fermée
de la bouche que du cul.
Je suis peut-être un peu
méchante avec Brigitte. Faut dire qu'elle était amoureuse… Vous
n'avez pas deviné ? Mais elle en pinçait pour Monsieur
Georges ! À moi, on réservait les clients, mais pour Brigitte,
c'était service complet pour le patron. Quand il faisait les
comptes, qui se pliait sous le bureau pour lui pomper le dard ?
Brigitte évidemment ! Le patron, c'était chasse gardée !
Ah, monsieur Georges était un professionnel, jamais il n'a cherché
à me toucher. Cela me chiffonne quand même un peu... soit dit entre
nous, parce que je ne voudrais pas qu'on pense en plus que je
songeais à me faire le patron.
Voilà, vous me comprenez
mieux maintenant. Lorsque monsieur Georges est mort subitement tandis
que Brigitte lui faisait un pompier, oui comme l'autre-là, le
président de je ne sais plus quoi, on me l'a déjà raconté, mais
ce n’est pas une consolation… Donc je disais, le patron mort, on
s'est retrouvés tous les trois dans la panade. L'hôtel est en vente
et nous sans emploi. Ma petite réserve à la banque a vite fondu,
comme du chocolat au soleil. Je m'en léchais les doigts, justement,
et me suis essuyé sur un papier journal, en souvenir de Grégoire et
de ses bordereaux peut-être, - c'était le bon temps ! -
quand j'ai vu votre annonce, pile sous la coulée marron. Ce n’est
pas le destin, ça ? Alors me voilà ! M'occuper d'un
mioche, je saurai faire. Le ménage, la cuisine, pas de souci. Je
serai sérieuse, assidue, je le promets. Je peux vous faire une pipe,
si ça vous dit ?